Thierry Colombié est spécialiste du grand banditisme et de la criminalité organisée. Il est documentariste, scénariste et auteur de romans et d’essais, notamment le remarqué Stars et Truands (Fayard). Son premier roman destiné à la jeunesse, Les Algues assassines, est un polar haletant, premier tome d’une série au cœur de scandales environnementaux.
Les Algues assassines – En librairie le 25 août 2021
Klervi, 17 ans, habite en Bretagne et elle est amoureuse. Folle amoureuse de Lucas, qui la fait rêver en l’emmenant dans sa Ford Mustang flamber des billets de 500 €. Elle sait d’où la famille de Lucas tire cet argent : du trafic de civelles, des bébés anguilles qui, comme il s’agit d’une espèce protégée, se vendent sur le marché noir aussi cher que la cocaïne. Mais du trafic de poissons… est-ce bien grave ?
Klervi a un frère jumeau, dont elle s’est éloignée depuis qu’il est devenu obsédé par son engagement pour la défense de l’environnement. Eux qui étaient si proches ne se comprennent plus. Un jour où elle le suit sur une plage recouverte d’infâmes algues vertes, une vision d’horreur l’attend…
Pourquoi dénoncer le trafic de civelles et les marées vertes dans un polar jeunesse ?
Pour sensibiliser la nouvelle génération aux atteintes à l’environnement et à la santé publique, chez nous, devant notre porte. On ne se rend pas réellement compte de l’effet dévastateur sur les écosystèmes des activités illégales tel que le trafic d’espèces protégées, et légales : l’industrie, l’urbanisation et l’agriculture ont entraîné la prolifération des algues vertes. Il y a trente ans, la civelle se vendait en cornet dans les rues de Nantes, on la donnait à manger aux cochons. Le braconnage est devenu culturel. Du pays basque jusqu’en Normandie, la civelle était appelée « l’or blanc ». Mais l’abondance a laissé place à la pénurie. Face à une forte demande en Asie, les prix ont flambé, les organisations criminelles se sont engouffrées dans la brèche. La civelle est aujourd’hui un marché plus rentable que la drogue. Dans le même temps, fleuves et rivières de Bretagne, routes de migrations des alevins d’anguille, ont subi de graves pollutions, essentiellement dues au rejet de nitrates et de phosphates. Ces substances ont facilité la prolifération des algues vertes, au point de fermer des plages, de tout massacrer. De tuer. Le sulfure d’hydrogène dégagé par la putréfaction des algues est un poison comparable au cyanure. Derrière tout cela, une autre menace plane sur le littoral : la montée des eaux due au réchauffement climatique.
Quelle a été votre collaboration avec l’OCLAESP ?
Fort heureusement, une chaine judiciaire s’est constituée et renforcée pour faire respecter la loi. Je voulais réaliser un film documentaire sur les mafias qui, depuis des décennies, font du profit sur notre dos, notre santé, notre environnement. Et notre crédulité. Bien que la criminalité organisée soit mon domaine d’expertise, j’ai eu le vertige en me penchant sur le sujet… J’ai rencontré le général Diacono, le chef d’un Office qui est en charge de lutter contre la criminalité verte. L’OCLAESP est devenu une référence au niveau international. C’est en l’écoutant que j’ai eu l’idée d’écrire un polar vert pour les jeunes adultes, ceux qui dans cinq ou dix ans, seront face à leur destin, à leurs responsabilités.
Un de vos personnages souffre d’éco-anxiété : pensez-vous qu’elle pousse les jeunes à se battre pour la défense de l’environnement ?
Plus que jamais. On l’a vu avec les marches pour le climat, l’apparition de très jeunes « icônes vertes » comme Greta Thunberg, on le voit avec la création de nombreuses associations ou de groupes de journalistes qui, localement et partout sur la planète, prennent le taureau par les cornes. Le mépris total des « boomers », ceux qui sont nés après la Seconde guerre mondiale, pour la protection de l’environnement, la tolérance que l’on concède aux groupes criminels, le saccage qui malheureusement perdure en mille lieux de la planète, tout cela affecte profondément le psychisme des jeunes et moins jeunes. Tristesse, colère, perte de repères, nostalgie de territoires perdus… Reconnecter l’humain avec son environnement, ce n’est plus le domaine réservé de hippies déconnectés et défoncés. Pour se préparer à la révolution du réchauffement climatique, il est encore temps de prendre les armes. L’une d’entre elles, c’est de s’emparer des mots, créer une fiction pour mieux dépeindre la réalité. Polar Vert, c’est le champ des possibles que j’offre à tous ceux qui veulent voir vivre les roses.
Des rencontres-dédicaces de Thierry Colombié auront lieu samedi 28 août
à la librairie Libellune de Redon (35) de 10h à 12h30
et à la librairie-café Le Bateau Livre de Pénestin (56) à partir de 15 heures
Entrée libre.