L’auteur, sociologue et ex-ministre revient en librairie avec Né pour partir, un récit au cœur de l’actualité. Celui de Mamadou Sow, parti seul, à 15 ans, pour un terrible voyage de 10 000 kilomètres entre la Guinée et la France. Azouz Begag lui a prêté sa plume et nous livre un témoignage bouleversant, entre roman et documentaire.
Dans Né pour partir, vous racontez le périple d’un jeune migrant guinéen, Mamadou Sow, vers la France. Comment s’est passée votre première rencontre ?
C’était au lycée technique dans lequel il était inscrit. Je faisais un atelier d’écriture avec la classe. J’ai immédiatement senti que Mamadou avait des choses à dire, qui lui tenaient à cœur. Dans une classe, on voit vite émerger ceux qui ont faim de participer, d’écouter, de raconter. J’ai l’habitude, depuis trente ans d’interventions dans les établissements scolaires…
Pourriez-vous nous résumer ce long parcours ? L’exercice est difficile, tant le voyage de Mamadou a été rempli de dangers et de rencontres parfois inattendues…
Il avait 15 ans quand il est parti. Il a fait 10 000 kilomètres pour arriver à Lyon. Ces deux éléments sont suffisants pour donner au lecteur l’envie de connaitre son épopée à travers les déserts, les violences subies, les espoirs déçus et ceux réconfortants. À son âge, il a frôlé la mort si souvent ! Il en est revenu. C’est une sacrée leçon de courage et de dépassement de soi. L’histoire ressemble à L’Odyssée d’Homère. Mamadou est l’Ulysse des sables d’Afrique.
Quel écho a son histoire pour vous, par rapport à votre parcours ou celui de vos parents ?
Aucun en particulier. Là, il s’agit d’un enfant. Il va en France chercher un médicament pour sauver son père, qui a un cancer. C’est sa mission. Ce n’est pas une immigration économique comme celle de mes parents il y a quatre-vingts ans.
Depuis Le Gone du Chaâba ou La Leçon de francisse, vous aviez envie d’écrire à nouveau pour la jeunesse ?
Oui, toujours. Je n’arrive pas à me débarrasser de l’enfant qui fait des cabrioles en moi. Il veut toujours jouer avec moi et me raconter des histoires. Mon enfance a été toute ma vie, en fait. Aujourd’hui, quand j’écris des romans pour adultes, l’enfant en moi montre toujours le bout de son nez. Il a des choses à dire, parce qu’il ne veut pas mourir…
Quelle image ou idée aimeriez-vous que les jeunes lecteurs gardent de ce témoignage ?
Que la vie est un sport de combat ! Une suite d’épreuves qu’il faut passer et dépasser pour se surpasser. Mamadou est un jeune héros contemporain. En classe, il veut faire le plein de savoir, apprendre et comprendre le monde. Il est gourmand de connaissances. Beaucoup devraient s’inspirer de son appétit de faire sa place grâce à l’école. Il a dans sa poche une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Mais il veut rester chez nous. J’espère que son nouveau statut d’écrivain francophone pourra l’aider à régulariser sa situation.
Découvrez les premières pages de Né pour partir
Rendez-vous en librairie avec Azouz Begag
À l’occasion de la parution de Né pour partir, une rencontre-dédicace d’Azouz Begag aura lieu à la librairie Vivement Dimanche – L’Aînée (4 rue du chariot d’or, 69004 Lyon)
Vendredi 29 septembre 2023 à 19h15
Entrée libre sur inscription auprès de la librairie