Une singulière histoire d’amitié entre Solange, 12 ans, et Alec, le vieux libraire du village. Deux personnages attachants qui vont surmonter leurs chagrins. Nathalie Wyss nous en dit plus.
À Romainmôtier, une bourgade de montagne, Solange, 12 ans, répond à une annonce passée par Alec, un vieux libraire. Le travail est simple : il faut lui faire la lecture, pendant qu’il s’affaire dans sa boutique.
Alec vit seul au milieu des livres depuis la mort de son grand amour, il y a très longtemps. Sa librairie est ouverte tous les jours et toutes les nuits.
Solange aussi vit toute seule, depuis l’accident de ses parents. Même si tout le monde au village fait semblant de croire à cette grand-mère qu’elle a inventée pour qu’on la laisse tranquille. La jeune fille survit grâce à l’inépuisable stock de bocaux de câpres de la conserverie familiale aujourd’hui fermée. Elle les troque contre d’autres produits pour elle… et pour les chats. Car Solange s’est aussi déclarée responsable des chats errants du bourg. Toutes les nuits, elle arpente les rues pour leur déposer de la nourriture. Pendant ses tournées, elle s’est souvent attardée devant la vitrine chargée de livres d’Alec.
Petit à petit, ils vont apprendre à se connaître, à se comprendre et à s’apprécier. Une amitié singulière et précieuse qui leur permettra de se libérer des fantômes du passé…
Rencontre avec Nathalie Wyss
Comment vous êtes-vous décidée pour ce titre, « le temps fuit » ?
À Romainmôtier, il est écrit « Le temps fuit » sur la tour de l’horloge, au centre du village. C’est en lisant cette phrase que m’est venue l’idée du titre et du roman… Je trouvais cela à la fois poétique, poignant et surtout très vrai. Bien sûr, le temps fuit, et terriblement vite d’ailleurs. C’est une vérité que nous essayons tous d’ignorer. C’est aussi une manière de nous ramener à l’essentiel peut-être…
Pourquoi avoir choisi un vrai village (Romainmôtier) comme décor ?
Romainmôtier est un petit bourg médiéval suisse situé dans le Jura-Nord-Vaudois.
J’aime énormément ce village. J’ai failli m’y marier et y habiter. Nous y allons plusieurs fois dans l’année avec mon mari et nos enfants. C’est un endroit enchanteur et très apaisant. Sa magnifique abbatiale en fait un des plus beaux villages de Suisse.
Comment vous êtes-vous emparée de la figure de l’orpheline, personnage récurrent en littérature jeunesse ?
Que feraient les auteurs et les autrices jeunesse sans les orphelins ? Nous en avons malheureusement cruellement besoin pour que nos héros puissent vivre des aventures ! Les parents sont beaucoup trop entravants pour toutes prises de risques ainsi que pour toutes sortes de libertés prématurées…
Les enfants sont extrêmement courageux et résilients tout comme l’est Solange, mon héroïne. C’est une petite fille très forte, qui s’en sort toute seule avec une bravoure démentielle. Je l’admire, comme j’admire tous les enfants qui vivent des choses difficiles.
Tout au long du roman, Solange lit le même livre à Alec, le vieux libraire. D’autres romans vous ont-ils inspirée pour cette mise en abyme ?
Sans que je sache comment et sous quelle forme, Le livre de perle de Timothée de Fombelle m’a accompagnée tout au long de l’écriture. Pour une certaine ambiance et quelques images qu’il m’a laissées aussi : des vieilles malles dans un hangar, une époque lointaine, une ville pavée avec une boutique de guimauves, un grand amour…
Comment conciliez-vous votre métier de libraire et l’écriture ?
J’écris dans le bus pour aller et rentrer du travail. C’est formidable d’être à la fois autrice et libraire jeunesse… Je vois tout ce qui sort, existe. Avec mes enfants nous avons la chance unique de lire tous les nouveaux albums que nous recevons à la librairie. C’est une place de rêve qui nourrit sans cesse mon imaginaire !
En étant entourée de livres au quotidien, la difficulté n’est-elle pas que votre imaginaire soit « entravé » par toutes ces histoires et vous empêche de créer votre propre histoire ?
Non au contraire. Je crois que, comme l’a très joliment dit Timothée de Fombelle, on écrit les histoires qui nous manquent…
Un souvenir de vos lectures d’enfance ?
Oh oui, le premier souvenir est sans doute La chenille qui fait des trous (Eric Carle), puis Arc-en-ciel (Marcus Pfister), et Spot (Eric Hill). Vers 8 ans, Le petit prince (Antoine de Saint-Exupéry), L’œil du loup (Daniel Pennac) et vers 9 ans, la collection « Chair de Poule » (R.L. Stine).
Nathalie Wyss dans sa librairie L’étage à Yverdon-les-Bains, en Suisse.
Le temps fuit, un roman à la narration captivante et poétique, à savourer dès 10 ans.
Illustrations de Raphaël Beuchot
Parution le 26 octobre 2022