À quoi ça sert de savoir ? À décider. Parce que, quand on décide quelque chose, c’est toujours par rapport à ce qu’on sait. Quand on ne sait rien, impossible de faire des choix, de décider ; et alors c’est le hasard ou les autres qui décident. À notre place. Et on ressemble à une coquille de noix sur une rivière qui se laisse emporter au hasard du courant, ou à un ballon dans le ciel qui se laisse diriger par le vent.
C’est le contraire de la liberté.
« 2 croissants à 1 euro, ça fait 5 euros », dit la boulangère au monsieur. La boulangère sait que ce monsieur ne sait pas compter, autant en profiter pour gagner plus.
« Tiens, voilà mon adresse ; la prochaine fois que tu passes dans la ville, j’aimerais beaucoup que tu viennes me voir chez moi. » C’est gentil, mais pas facile de retrouver le quartier, la rue, la maison, si on ne sait pas lire.
« Oui, monsieur, nous avons des chambres libres ; vous avez de la chance, l’hôtel n’est pas plein. Remplissez, s’il vous plaît, cette fiche et signez en bas. » Oui, mais comment faire sans savoir écrire ?
Il y a des savoirs dont on ne peut pas se passer. Sans savoir parler, compter, lire, écrire, impossible de vivre normalement, impossible de communiquer avec les autres, de faire des échanges. Et puis, savoir l’histoire du monde, de notre pays, ça aide à comprendre ce qui se passe, à décider pour qui voter, à ne pas se laisser commander par n’importe qui, à voir ce qui est important pour vivre en paix, à essayer de ne pas recommencer les mêmes erreurs…